Chant Pansori

Printemps Coréen
 

 

Cet atelier est avant tout une rencontre avec CHO Joo-Seon.
Ouvert à tout public.

Pour les inscriptions
Espace Cosmopolis
18 Rue Scribe
44000 Nantes
Tel. 02 51 84 36 70


Le Pansori


Dans l’ancienne Corée, un ensemble de facteurs tendaient, davantage qu’en Chine ou au Japon, à séparer la culture du peuple de la culture de l’élite sociale. Celle-ci s’inspirait de modèles chinois et évitait de recourir à la culture populaire comme source d’inspiration artistique ; la culture populaire n’avait donc pratiquement aucune influence sur celle de l’élite et ne faisait elle-même que très peu d’emprunts à cette dernière. La philosophie et l’esthétique de la culture de l’élite étaient dominées par le néo-confucianisme chinois, alors que la culture populaire était surtout marquée par le bouddhisme et le chamanisme autochtone. La littérature de la première était écrite, tandis que celle de la seconde était orale. La langue littéraire de la première était principalement le chinois, alors que celle de la seconde était le coréen. Ces circonstances particulières ont contribué à constituer en Corée une double tradition culturelle et à faire émerger un art narratif oral appelé pansori, qui s’est développé au 18e siècle au sein de la culture populaire. En effet, c’est à cette époque que se constitua, à partir des troupes d’acteurs de farces voyageant à travers le pays, une classe d’acteurs-chanteurs professionnels : les Kwangdae.

La formation d’un Kwangdae commençait en général dès l’enfance. Elle était dispensée par un maître et consistait en un entraînement intensif englobant les trois composantes essentielles du pansori, à savoir le chant, la narration parlée et la gestuelle.

Pour traduire le terme pansori, certains auteurs ont utilisé l’expression « one-man opera »(opéra à un seul acteur). Celle-ci nous fait bien comprendre quatre caractéristiques importantes du pansori : il s’agit d’un solo oral, dramatique, musical et en vers. Le Kwangdae interprétant une pièce de pansori est seulement accompagné par un tambour, qui marque les divers rythmes à la main ou avec une baguette. Il exécute alternativement des passages chantés et des passages parlés. Il est placé sur une natte où il se tient debout, s’agenouille, s’assied ou se déplace, selon les péripéties de l’histoire dont il est le conteur et dont il incarne aussi tous les personnages. Ses seuls accessoires sont ses habits et un éventail. A un moment, il est narrateur ; au moment suivant, il devient l’acteur qui joue le rôle d’un des personnages, en prenant un ton de voix et en faisant des gestes adaptés à la situation.

Bien qu’il s’adresse parfois en aparté à son tambour, qui l’y incite, le Kwangdae parle avant tout directement aux spectateurs, qui manifestent souvent leur approbation par des cris d’encouragement après certains passages particulièrement bien réussis. Une pièce complète de pansori peut atteindre une durée de huit heures. Pour maintenir en éveil l’attention des spectateurs, le Kwangdae doit avoir un talent certain de comédien et d’improvisateur. Une pièce de pansori peut être remaniée selon le style de l’interprète qui développe, selon son auditoire ou son humeur, l’un ou l’autre des composants, ou bien introduit une atmosphère plus ou moins humoristique ou plus ou moins dramatique. Il peut omettre des passages, s’étendre sur des descriptions, modifier l’ordre des séquences et ajouter des épisodes. Les thèmes des narrations, issus du fond populaire, font appel à l’amour filial, à la fidélité, à la piété, mais en même temps introduisent, au second degré, des éléments de critique sociale. Comme dans toutes les expressions vivantes coréennes, l’histoire est interprétée grâce à une succession d’épisodes faisant intervenir l’émotion, le sens du drame, la colère, le tragique ou la terreur, mais aussi l’humour et la satire.

Au 18e siècle, douze pièces faisaient partie du répertoire du pansori ; cinq d’entre elles sont actuellement encore interprétées, les représentations se déroulant de nos jours dans des salles de spectacle.