CHO Joo-Seon
CHO Joo-Seon est une artiste aux multiples talents: musicienne, danseuse et chanteuse. Pendant une heure le public sera immergé dans cet art narratif si singulier qu’est le pansori, constitué du chant, de la narration parlée et de la gestuelle. Le pansori est le contrepoint coréen de l’opéra occidental. Souvent traduit comme un opéra à un seul acteur : le “Kwangdae”. CHO Joo-Seon, interprètera une pièce où elle est d’abord le narrateur et la fois suivante l’acteur qui interprète un personnage du récit. Elle sera seulement accompagnée par un tambour, celui de CHO Yong-Su, qui marque les divers rythmes à la main ou avec une baguette. Le pansori est une tradition populaire en langue coréenne datant du 18ème siècle, en réaction à la culture en langue chinoise de l’élite de l’époque. Les thèmes de la narration font appel à l’amour filial, à la fidélité, à la piété, mais en même temps introduisent, au second degré, des éléments de critique sociale. Le pansori est un art où les spectateurs manifestent souvent leur approbation par des cris d’encouragement après certains passages particulièrement bien réussis.
CHO Joo-Seon sera accompagnée par le percussioniste CHO Yong-Su
BIOGRAPHIE de CHO Joo-Seon
CHO Joo-Seon est née à Mokpo, ville portuaire de la province du Jeolla du Sud, berceau historique du Pansori. Elle va tout d’abord commencer par apprendre la danse traditionnelle coréenne puis, dès l’âge de huit ans, démarrer l’apprentissage du gayageum, fameuse cithare coréenne à 12 cordes très utilisée dans la musique traditionnelle. Elle fait très vite preuve de talent et va gagner en Corée, plusieurs concours de danse et de gayageum. Au collège, elle découvre le pansori et aura l’occasion d’entreprendre l’apprentissage de Simcheongga et Chunhyangga. – deux pansori très emblématiques du répertoire – en travaillant avec le chanteur KIM Heung-Nam. Après le décès de ce dernier, elle continuera à travailler les deux pansori précités sous la direction du chanteur SUNG Chang-Soon.
CHO Joo-Seon a fait des études au Lycée spécialisé de musique traditionnelle coréenne de Séoul. C’est à cette époque, qu’elle bénéficie de l’enseignement de SUNG Chang-Soon, dont elle deviendra plus tard l’une des disciples et perpétuera le style dans l’interprétation de «Simcheongga» et «Chunhyangga». Après ses études au lycée, elle poursuivra sa formation à l’Université Hanyang, dans le département de musique traditionnelle. Elle aura notamment comme professeurs les célèbres chanteurs OH Jung-Sook et AN Sook-Sun.
Depuis 1996, CHO Joo-Seon a donné plus d’une cinquantaine de concerts à travers le monde et enregistré deux CD. En 2005, elle a interprété, à Séoul, l’intégrale de «Chunhyangga» lors d’un grand concert célébrant le classement du pansori par l’UNESCO (en 2003) au titre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Et en 2008, elle a remporté le prix « Jeune artiste de l’année », décerné par le Ministère de la Culture Sud-coréen.
Aujourd’hui, après avoir été, pendant sept ans, membre de l’Orchestre national traditionnel de Corée, CHO Joo-Seon est professeur de chant traditionnel à l’Université Hanyang de Séoul.
Discographie de CHO Joo-Seon (non exhaustive)
Ohneureum Orchestre de Chambre (Jigou Records, 1994)
Album Sanjo Jeune édition 3 (Samsung musique, 1996)
KIM Youngdong édition 10 (2002)
Composition Gim Hoegyeong (Musique Taesung,1996)
Arirang (2002, centre de Musique Traditionnelle Coréenne, KBS POLY SOUNG)
Gabe Jojuseon Solo record (EMI, 2001) La musique traditionnelle / Itinéraire Jo Juseon (EMI, 2004) – Composition de musique traditionnelle coréenne
BIOGRAPHIE de CHO Yong-Su
Percussionniste coréen, CHO Yong-Su montre une grande polyvalence et se démarque par sa virtuosité et la qualité de sa rythmique.
Il joue plusieurs instruments de percussions, tels que des tambours et des instruments rythmiques traditionnels coréens.
Lauréat en 1998 du Prix Présidentiel, la plus haute distinction de la Pansori Gosu Competition, il est également désigné Trésor humain vivant no. 5
Il est actuellement responsable des spectacles de percussions pour la musique traditionnelle et populaire de la National Changguk Company.
Le Pansori
Dans l’ancienne Corée, un ensemble de facteurs tendaient, davantage qu’en Chine ou au Japon, à séparer la culture du peuple de la culture de l’élite sociale. Celle-ci s’inspirait de modèles chinois et évitait de recourir à la culture populaire comme source d’inspiration artistique ; la culture populaire n’avait donc pratiquement aucune influence sur celle de l’élite et ne faisait elle-même que très peu d’emprunts à cette dernière. La philosophie et l’esthétique de la culture de l’élite étaient dominées par le néo-confucianisme chinois, alors que la culture populaire était surtout marquée par le bouddhisme et le chamanisme autochtone. La littérature de la première était écrite, tandis que celle de la seconde était orale. La langue littéraire de la première était principalement le chinois, alors que celle de la seconde était le coréen. Ces circonstances particulières ont contribué à constituer en Corée une double tradition culturelle et à faire émerger un art narratif oral appelé pansori, qui s’est développé au 18e siècle au sein de la culture populaire. En effet, c’est à cette époque que se constitua, à partir des troupes d’acteurs de farces voyageant à travers le pays, une classe d’acteurs-chanteurs professionnels : les Kwangdae.
La formation d’un Kwangdae commençait en général dès l’enfance. Elle était dispensée par un maître et consistait en un entraînement intensif englobant les trois composantes essentielles du pansori, à savoir le chant, la narration parlée et la gestuelle.
Pour traduire le terme pansori, certains auteurs ont utilisé l’expression « one-man opera »(opéra à un seul acteur). Celle-ci nous fait bien comprendre quatre caractéristiques importantes du pansori : il s’agit d’un solo oral, dramatique, musical et en vers. Le Kwangdae interprétant une pièce de pansori est seulement accompagné par un tambour, qui marque les divers rythmes à la main ou avec une baguette. Il exécute alternativement des passages chantés et des passages parlés. Il est placé sur une natte où il se tient debout, s’agenouille, s’assied ou se déplace, selon les péripéties de l’histoire dont il est le conteur et dont il incarne aussi tous les personnages. Ses seuls accessoires sont ses habits et un éventail. A un moment, il est narrateur ; au moment suivant, il devient l’acteur qui joue le rôle d’un des personnages, en prenant un ton de voix et en faisant des gestes adaptés à la situation.
Bien qu’il s’adresse parfois en aparté à son tambour, qui l’y incite, le Kwangdae parle avant tout directement aux spectateurs, qui manifestent souvent leur approbation par des cris d’encouragement après certains passages particulièrement bien réussis. Une pièce complète de pansori peut atteindre une durée de huit heures. Pour maintenir en éveil l’attention des spectateurs, le Kwangdae doit avoir un talent certain de comédien et d’improvisateur. Une pièce de pansori peut être remaniée selon le style de l’interprète qui développe, selon son auditoire ou son humeur, l’un ou l’autre des composants, ou bien introduit une atmosphère plus ou moins humoristique ou plus ou moins dramatique. Il peut omettre des passages, s’étendre sur des descriptions, modifier l’ordre des séquences et ajouter des épisodes. Les thèmes des narrations, issus du fond populaire, font appel à l’amour filial, à la fidélité, à la piété, mais en même temps introduisent, au second degré, des éléments de critique sociale. Comme dans toutes les expressions vivantes coréennes, l’histoire est interprétée grâce à une succession d’épisodes faisant intervenir l’émotion, le sens du drame, la colère, le tragique ou la terreur, mais aussi l’humour et la satire.
Au 18e siècle, douze pièces faisaient partie du répertoire du pansori ; cinq d’entre elles sont actuellement encore interprétées, les représentations se déroulant de nos jours dans des salles de spectacle.