SYNOPSIS
Joong-ho, ancien flic devenu proxénète, reprend du service lorsqu’il se rend compte que ses filles disparaissent les unes après les autres. Très vite, il réalise qu’elles avaient toutes rencontré le même client, identifié par les derniers chiffres de son numéro de portable.
Joong-ho se lance alors dans une chasse à l’homme, persuadé qu’il peut encore sauver Mi-jin, la dernière victime du tueur…
à propos du film
Article de Serge Kaganski publié dans les INROCKUPTIBLES,
le news culturel du 17 mars 2009 (N° 694)
Avec ce premier long métrage, mélange réussi de polar et de comédie, Na Hong-jin s’affirme comme un cinéaste à suivre, plutôt dans la veine Bong Jon-hoo que Hong Sang-soo (donc plutôt le cinéma de genre que l’introspection intime), et confirme l’extrême vitalité du cinéma coréen.
Ex-flic devenu proxénète, Joong-ho s’aperçoit un jour que ses employées disparaissent les unes après les autres et sans laisser de traces. Rapidement convaincu qu’elles sont toutes victimes d’un tueur en série, il se lance à la recherche du criminel, en concurrence avec les services de police. Parallèlement, le criminel séquestre sa dernière victime, une protégée de Joong-ho, à la fois maman et putain.
The Chaser s’ordonne autour d’un montage alterné entre le huis clos statique et terrifiant au domicile du tueur et l’univers urbain et mouvementé du traqueur. Ce synopsis et ce dispositif sont archiclassiques, mais The Chaser séduit par son intensité et son énergie. Personnage à cheval des deux côtés de la loi, Joong-ho saisit par son charisme, sa ténacité, son langage de charretier, aussi drôle que cru. La dimension comique du film se déploie surtout aux
dépends de la police officielle, vue comme un aéropage de fonctionnaires puérils et de responsables incompétents. Dans toutes ces scènes, Na Hong-jin fait preuve d’une verve satirique assez irrésistible. Mais il se montre tout aussi habile sur le versant noir et le suspens, brossant un méchant particulièrement sadique. Noirceur et comédie ne font pas forcément bon ménage au cinéma et c’est tout le talent du cinéaste de mélanger ces deux registres avec fluidité.
Quand le proxénète-traqueur est rejoint par la fille de la prisonnière du tueur, une troisième dimension vient enrichir le film, celle d’un mélodrame familial sensible et sans pathos. Il faut ajouter que le filmage est dynamique, le montage nerveux et que le film est accessoirement une plongée fascinante dans la nuit de Séoul.
Notre seule réserve portera sur la toute dernière partie du film, qui semble comporter trois fins successives, comme si le cinéaste ne parvenait à conclure ou à abandonner son film et ses personnages. Hormis cette coda inutilement étirée, et même s’il n’apporte pas de novation décisive, The Chaser s’impose comme un film de genre(s) assez jubilatoire.